Les quinze principes d’exécution

ContinuitéAlternance GradationDérouillementDosage ⎪
⎪ SouplessePosture RespirationLibertéVitesse AdressePoints faibles ⎪
⎪ EndurcissementJoieQualités d’actionAltruismeÉmulation

 

Une séance d’entraînement est un parcours ou un déplacement plus ou moins long durant lequel :

On marche, court, saute, progresse en quadrupédie, grimpe ou escalade, chemine en équilibre, lève et porte, lance, lutte… et nage (si possible).

Nous verrons page suivante les différents lieux où elle peut se dérouler, et ce, tout en respectant les 15 principes pédagogiques de la Méthode.

La pédagogie respecte des règles, dont les unes découlent directement de la doctrine naturelle (travailler en souplesse par exemple en opposition avec un travail en raideur) et les autres sont dictées par l’expérience (accorder, par exemple, la liberté d’action à chacun par opposition au travail d’ensemble automatique, cadencé et uniformisé).

 

Les règles fondamentales
en 15 principes d’exécution

Les 12 premiers principes sont une manière de faire en respectant les lois de la nature.

Les 3 derniers sont propres à l’homme dans sa manière de se respecter soi-même, s’élever, et de respecter les autres.

 

1° Continuité du travail

La séance doit représenter un travail soutenu et continu, et non pas être coupée par des moments d’inaction, des arrêts ou immobilités sans raison. Le but est ici de développer la résistance générale, et en particulier le souffle. Ce point est primordial et ne doit pas se trouver altéré par des explications compliquées ou techniques qui perturberait la progression tout au long de la séance.

La grand majorité des exercices s’effectue donc en déplacement et il n’y a aucun repos absolu mais uniquement des repos relatifs. Et ce afin de respecter la règle n°2, l’alternance des efforts, décrite ci après.

 

2° Alternance des efforts contraires

On parvient à appliquer la règle ci dessus, la continuité, en suivant la règle, naturelle, des alternances: un effort modéré succédant toujours à un effort plus intense.

Cette succession d’efforts opposés, quant à l’intensité, constitue les deux temps de tout rythme de travail: effort et contre effort.

Grâce à un rythme convenable, chacun peut ainsi faire une dépense d’efforts en adéquation avec ses possibilités.

 

3° Gradation d’intensité des efforts

Il s’agit là, tout en respectant les 2 règles précédentes de gérer l’ordre de succession des divers genres d’exercices afin que la dépense d’énergie soit croissante tout au long de la séance.

Sur la courbe ci jointe, qui reste bien évidemment schématique, et doit être considérée comme une indication de ce que doit être la conduite générale de la séance, on découvre la succession des familles d’exercices ainsi que les variations de l’activité cardiaques qui en découlent.

4° Dérouillement initial et apaisement final

La séance débute par un « dérouillement », activant le rytme cardiaque et la respiration, échauffant les muscles et les articulations. D’un point de vue utilitaire, Il est important d’accoutumer l’organisme à une brusque mise en train, afin d’être prêt à toute éventualité d’action en cas de danger soudain.

Il s’agira donc d’une suite de déplacements courts et d’envolée rapides, d’autant plus vifs que la constitution et le développement le permet, accompagnés de quelques sauts, d’extension des bras, de demi tours… afin de faire jouer les principaux muscles en même temps que la mise en action du cœur et des poumons.

On peut remarquer que chez l’enfant, au sortir de l’école par exemple, l’envolée rapide est typique et est immédiatement suivie d’un court repos puis l’activité reprend aussitôt sous forme de jeu ou autres exercices.

Ce dérouillement n’est pas un « échauffement » classique comme on l’entend souvent, avec des élongations lentes, etc qui ne satisfait pas l’instinct, surtout des plus jeunes. La vraie mise en train, qui a en même temps un puissant effet psychique et qui les met en joie, c’est la brusque et courte détente, le déchaînement instantané. A l’image d’un lâcher de moineau !

En fin de séance, après l’effort final qui est le plus important, l’apaisement consiste en une marche très lente progressivement augmentée à mesure que le calme se rétablit.

 

5° Dosage et individualisation des efforts

L’individualisation de ce dosage est assuré, même en séance collective, par la liberté d’action accordée à chacun.

Le dosage général est géré par la durée même de la séance (de 30 minutes pour les plus jeunes enfants jusqu’à 1 h ou plus pour les adultes) et le dosage spécifique se fait par :

– le réglage des durées de chaque exercice ainsi que par l’allure de ces derniers (lent, moyen, rapide…),

– par le nombre de répétition, par le réglages des hauteurs, des distances, etc.

 

6° Travail en souplesse

La souplesse est une des caractéristiques essentielles d’exécution des exercices naturels. Sans elle, aucun perfectionnement technique n’est possible.

Il faut s’affranchir des mouvements conventionnels, tel qu’on peut le voir trop souvent, exécutés sur place, de manière brusque, sans utilité, et qui obligent certains muscles à se contracter faussement et sans objet.

 

7° Posture correcte et respiration ample

Une posture correcte est caractérisée par: la poitrine ouverte, les épaules en arrière et abaissées, le dos droit, le cou vertical, la tête relevée; Le ventre est effacée et les reins légèrement creusés.

Cette posture, qui permet une respiration libre et ample est à développer et doit devenir naturelle dans la vie quotidienne. Elle est d’ailleurs une des caractéristiques de la beauté de l’attitude.

Par ailleurs on doit combattre l’essoufflement par des expirations violentes et profondes permettant de chasser l’air vicié et d’apporter l’oxygène lors des inspirations qui s’en suivent.

 

8° Liberté complète d’action même en travail collectif

La liberté d’action de chacun est indispensable pour permettre l’individualisation des efforts. Pour cela il faut proscrire toutes les formations encadrés, toute forme de travail automatique ou mécanique à exécuter par mimétisme, par autorité d’un coach, d’un rythme, d’une musique…

Seule cette liberté d’action permet le meilleur rendement ou perfectionnement.

 

9° Culture de la vitesse et de l’adresse

Le développement de la vitesse, qui est un élément capital de la force, ne s’obtient que par l’attention du moniteur et effort constant de chacun. La vitesse consiste non seulement à exécuter rapidement une action (une course, un grimper, etc.), que de réagir brusquement à un signal ou un événement, par exemple. La vitesse est avant tout d’ordre mental, nerveux avant d’être musculaire.

L’adresse est une autre qualité essentielle qu’il faut constamment cultiver. La précision et la justesse des mouvements ainsi que le meilleur rendement, qui passe parfois par du perfectionnement technique, ne doit pas perturber la règle primordiale de la « continuité » (Cf : Continuité du travail). Des séances spécifiques peuvent alors être prévues pour ces études techniques. L’adresse, tout comme la vitesse, est une qualité qui caractérise particulièrement bien le geste naturel: le geste naturel est précis, adroit ainsi que souple comme vu précédemment (Cf : Travail en souplesse).

 

10° Correction des points faibles

Une attention particulière sera portée aux points faibles de chacun afin de choisir les exercices les plus appropriés pour les combattre. L’objectif étant d’obtenir un développement le plus complet possible et non une capacité dans un domaine précis et limité. De former des êtres complets et non des spécialistes.

Cette partie est la plus délicate car elle exige du moniteur une grande connaissance des effets des exercices, une attention constante et
un savoir faire particulier afin de doser les efforts en conséquence.

 

11° Dévêtissement – Endurcissement aux intempéries

Il faut savoir profiter au mieux des extraordinaires effets vitalisants de l’air, du soleil et de l’eau sur la peau. Une tenue la plus légère possible ( adaptée aux conditions météo !) est donc à privilégier. Le dévêtissement sera, comme le reste, dosé en étendue et durée, et la liberté est là aussi de mise afin que chacun le règle en fonction des ses possibilités.

Le dévêtissement permet également de développer l’endurance de l’organisme aux différentes agressions. La résistance au froid, à la chaleur, aux intempéries, comme par ailleurs à la douleur, etc. font partie de la résistance générale.

 

12° Libre manifestation de la joie de se mouvoir

Le travail naturel porte naturellement à la joie et l’enthousiasme par suite du bien-être et de l’euphorie ressentis.

Cette joie de se mouvoir doit pouvoir se manifester librement, surtout chez les enfants, par des cris ou des chants.

Des petits jeux ou des danses peuvent parfois conclure une séance.

Une séance exécutée sans entrain prouve qu’une erreur a été commise dans la manière de composer ou dans le dosage de la séance.

 

13° Culture des qualités d’action

Les qualités dites d’actions sont celles qui vont permettre aux qualités purement « physiques » de pouvoir s’exprimer dans certaines circonstances présentant un risque, un engagement ou un danger. D’un point de vue physique, le travail est le même de traverser une poutre à 20 cm du sol et à 3 mètres de hauteur. Et pourtant il est évident qu’il est fait appel, de surcroît, à d’autres qualités dans le second cas…

Le développement de ces qualités – courage, volonté, énergie, sang-froid, fermeté, etc – s’obtient par :

  • L’exécution d’exercices présentant des difficultés et un certain risque ou nécessitant de vaincre ses peurs (de tomber, sauter, plonger, etc.)
  • La volonté de réussir tel ou tel exercice ou performance
  • La valeur d’ exemple de l’entraîneur, etc.

 

14° Culture de l’altruisme

La force acquise doit être guidée, orientée vers un idéal supérieur.

Chacun doit penser sa propre force comme devant pouvoir être mis au service, et non au détriment, de l’autre. Aussi , un esprit d’entraide permanent sera entretenu lors d’exercices de grimper ou d’équilibre par exemple, de coopération lors de porter collectif ou bien encore de respect de son adversaire lors d’exercices de défense.

Un respect des plus faibles, des encouragements, des conseils, seront autant de vecteur permettant de développer l’esprit altruiste

 

15° Culture de l’émulation et l’auto-émulation

Pour obtenir les meilleurs résultats, il est nécessaire de faire acte de volonté. Éveiller le goût de l’effort se trouve grandement facilité par le travail en commun car il crée naturellement une émulation. Le moniteur s’attachera à rester dans le domaine de la saine émulation et non de celui de la compétition.

Le contrôle des résultats, avec des performances cotées constituent également un puissant moteur d’auto-émulation, chacun s’intéressant à ses capacités et cherchant à les améliorer en pouvant mesurer ses progrès dans la durée. (Cf la page « Contrôle des résultats »)